Chaque matin comme moi tu t’éveilles
et dans cet intime douloureux instant
tu t’étires tu cherches en toi une source
ton corps s’ébroue doucement
puis tu te lèves déjà drapé du vécu de la veille
d’espoirs de richesses et de cicatrices plus anciennes
de tout un bagage amassé par le temps
dont tu ne te détacheras plus aisément.
Mais il faut s’extirper de ce cocon
cheminer dans le vaste monde
partir à la rencontre d’une nouvelle journée
avec ses efforts à faire
ses concessions ses joies ses déceptions ses émois
et toujours droit toujours solide tu tâches d’y survivre
on te demande même de t’en grandir
alors tu t’armes, mais pas forcément de patience
plutôt d’intelligence et d’envie
de rage et d’énergie
afin que dans l’arène parmi les gladiateurs
blindés harnachés cuirassés
pas tant pour blesser d’ailleurs que pour se protéger
tu parviennes à exister.
Pourtant sous les masques la même détresse
la même peur d’échouer de ne pas être à la hauteur
d’être laissé sur le bas-côté
d’être l’oublié
alors chacun rivalise d’adresse pour étonner et surprendre
des Ooooh et des Aaaah résonnent
comme autant de petites victoires
se différencier sortir de la masse des gens ordinaires
voilà l’objectif finalement
se placer plus haut sur l’échelle de la réussite
se croire plus loin sur le chemin du succès
se vouloir plus fort plus solide plus utile que le voisin…
Heureusement sonnent les cloches des fêtes
et dans l’arène on pose les épées et les cimeterres
plus besoin même de ce bouclier
qui Ô combien de fois nous a sauvés
Non, bras dans les bras on célèbre la trêve
On savoure la joie
leplaisir de vivre et de partager quelque chose
avec ceux-la même qui quelques instants auparavant
sous d’épaisses armures s’abritaient
mais ce n’était qu’une feinte une défense
et toi, l’autre, le jumeau, tu souffrais déjà comme moi
et déjà je t’aimais.
Ton âme fragile a vécu son lot de tourments
son lot de désillusions de regrets
son lot d’échecs
et tu te tiens pourtant debout et fier
avec ou sans masque
et j’ai envie de te dire
tu m’impressionnes
tu es pour moi une leçon de ce que peut être la vie
et tes forces sont autant d’exemples que j’essaie de suivre
et tes faiblesses autant de blessures que je voudrais soulager
et l’étincelle de vie qui t’habite
la lumière discrète qui t’habille
Dieu que je la trouve belle.
Oui, tu es comme moi, et sans conditions, je t’aime.


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