Parfois le Promeneur
cravaté chemisé ou en bleu de travail
sort une main de sa poche
et sème des petites graines
des petites graines de bonheur
portées dans l’hiver par le courant
de l’eau de la vie du vent
Elles s’envolent
elles s’envolent
dans les champs les prés les forêts
ou entre les pavés
de notre belle ville lumière
au fond de la Seine
et dans le cœur des gens
jusqu’aux jardins d’Éden
jusqu’au septième firmament
Le soleil et la lune ravis
approuvent l’affaire en secret
et jour et nuit
ils se partagent les rôles
couvant les jeunes pousses
leurs efforts insensés
pour devenir à leur tour
petites fleurs pleines de graines
mères et filles de l’amour
Le Promeneur sourit
devant tant de mystère tant de magie
et il chante
l’on ne doit pas tant comprendre
que semer
l’on ne doit pas tant comprendre
qu’aimer
et il danse et il tape dans ses mains
c’est véritablement une très belle fête
offerte aux anges amusés
au petit mulot qui passe
à l’écureuil sur son rocher
mais le clocher de l’église
résonne soudain dans la vallée
le Promeneur s’apaise
il écoute à ses côtés
le bruissement d’ailes d’une colombe
effrayée par les cloches sacrées
qui s’envole
s’envole
elle picorait des petites graines
à peine semées.