Au milieu de cette nuée d’étoiles à moitié éteintes, je flotte. Le monde défile devant moi à une vitesse ahurissante. Je ne distingue presque plus rien à part cette faible lueur. Je n’entends plus rien à part ce bruit sourd. Impossible de savoir d’où il vient, il semble émaner de toute chose, comme si l’air en était imprégné. Les couleurs et les formes passent tels des mirages, la matière se tord, martyrisée par ce son assourdissant. L’atmosphère devient insoutenable, le bruit devient de plus en plus fort, de plus en plus puissant. Je me bouche les oreilles, mais je l’entends toujours, mes tympans vibrent, ma tête brûle, le sol se met à trembler. Je me tords de douleur. A travers mes paupières entrouvertes, au milieu du chaos, je l’aperçois toujours, cette lueur. Elle paraît si fragile, si insignifiante, si vulnérable devant le déchainement des éléments, mais elle est là. Alors que le monde sombre dans le néant, alors que tout est détruit, pulvérisé, déchiqueté, alors que le dernier arbre se bat contre la tempête, alors que le dernier morceau de glace se dissout dans l’eau, alors que la dernière fleur fane, alors que le dernier oiseau est emporté par le typhon, alors que le dernier mammifère sombre dans les entrailles de la terre, alors que le cœur des hommes est devenu aussi noir que le charbon et que leur plainte résonne dans l’univers tout entier, elle est là.

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